Le Black Friday, énième tendance étasunienne destinée à nous faire surconsommer, a réussi en quelques années à envahir l’espace public et médiatique avec une efficacité plus redoutable qu’un salon de l’auto. Et cela depuis des semaines, de manière de plus en plus intensive et – avouons-le – insupportable.
Tout est annoncé en mode Black Friday, de la bouffe aux électros, en passant par les fringues, la déco et même les annonces immobilières (!) En magasin ou en ligne. Tout à prix réduit, donc, du moins si on n’y regarde pas de trop près, puisqu’il n’est pas rare que des prix soient faussement baissés : il suffit d’annoncer un prix d’origine plus élevé que le réel prix d’origine, et le tour est joué !
Des soldes, donc, mais comme on ne peut pas faire de soldes en-dehors des deux périodes consacrées, on importe un truc US et on l’appelle autrement.
Sauf que pour le petit commerce, l’indépendant, celui qui n’est pas un énième franchisé d’une chaîne, celui qui tente de survivre dans sa petite et unique boutique en vendant des produits locaux et en offrant ses conseils avisés, le Black Friday est juste inenvisageable. Réduire des prix alors qu’on est déjà exsangue, c’est impossible.
Et pour ‘’le consommateur’’ ? (C’est comme ça qu’on nous appelle, nous les citoyens et les citoyennes, dans les débats politico-économiques). Eh bien tout est fait pour nous empêcher de réfléchir, pour nous pousser à faire des occasions, à acheter et acheter encore, des choses dont on n’a la plupart du temps pas besoin, mais-on-ne-sait-jamais-et-puis-c’est-une-occasion-en-or.
Et puis il faut préserver l’emploi. Peu importe la qualité de cet emploi, sa solidité, sa rémunération. Peu importe le fait que cet emploi soit maintenu uniquement pour maintenir l’emploi alors qu’on sait qu’il est voué à disparaître. Le sacro-saint emploi, ce chantage super efficace !
Ou alors on peut aussi décider de réfléchir et d’encourager le seul commerce qui ne détruit pas tout, n’exploite personne et aura toujours une raison d’exister quand tout le reste sera en ligne : le commerce local, qui vend local, qui conseille local.
Et pour le reste ? Eh bien les restes. La manne du gaspillage est gigantesque. Les donneries et autres opérations de récolte croulent sous les dons. Nos armoires débordent de trucs qu’on n’utilise, ne porte, ne consomme jamais. Trions, donnons, récupérons, transformons. Décidons de ne plus acheter neuf ce qu’on peut prendre gratuitement en seconde main. Décidons de ne plus prendre ni acheter ce dont nous n’avons pas vraiment besoin. Allons dans les recycleries, les magasins de seconde main, les donneries. Et tout cet argent épargné, dépensons-le dans les commerces locaux, qui vendent local, qui conseillent local, les seuls commerces qui ne détruisent pas tout, n’exploitent personne et auront toujours une raison d’exister quand tout le reste sera en ligne.
Nous avons ce pouvoir, prenons-le. Nous pouvons refuser de contribuer à la surproduction et à ses dégâts environnementaux et sociaux, nous pouvons refuser de surconsommer. Nous pouvons montrer à nos pouvoirs publics (et aux pouvoirs financiers auxquels ils se soumettent volontiers) qu’il est urgent de penser une planète qui n’aille pas droit dans le mur, parce que le mur est tout proche.
Les initiatives ne manquent pas et le Réseau Les Donneries Nomades de l’ARC, qui prend de l’ampleur à Bruxelles comme en Wallonie, nous démontre Ô combien de plus en plus de citoyens et citoyennes ont besoin de s’engager vers un autre modèle mais aussi Ô combien il est temps de sortir de celui-ci : les mannes de nos gaspillages sont si inépuisables que nos magasins éphémères et gratuits ont de nombreuses années devant eux.
Si vous aussi souhaitez vous engager, vous pouvez nous rejoindre dans une donnerie. Pour y trouver des choses que vous pourrez emporter gratuitement, sans aucune contrepartie. Vous pouvez également vous engager plus avant, en rejoignant nos équipes de bénévoles !
Anne LÖWENTHAL
La prochaine Donnerie Citoyenne de l’ARC La Louvière aura lieu
Samedi 14 décembre 2024, de 11h à 16h, au Centre IFAPME (entrée par le parking Louvexpo).
Toutes les infos en page d’accueil de ce site ou sur la page Facebook de l’événement.
Et n’oubliez pas le groupe Facebook LA DONNERIE DU CENTRE qui s’engage
tout au long de l’année pour une planète plus juste.
Plus d’infos : info@arc-culture-lalouviere.be ou 0460 973 580.
À La Louvière comme partout, la crise Covid a fait des ravages. Mais dans cette commune où tout est à repenser, les autorités communales ont refusé pendant la pandémie de renforcer l’aide aux banques alimentaires, ce qui en a fait bondir plus d’un.e.
L’idée d’organiser une grande donnerie où en plus du magasin gratuit seraient récoltés des dons de vivres pour les Petits Paniers du Cœur (Restos du cœur) et vendues des boissons et autres gourmandises au profit de l’associatif local est née de là : une volonté de remettre de la solidarité et du partage là où les dirigeants politiques refusaient de le faire, mais aussi d’inciter ces derniers à réaliser qu’une commune en pleine mutation pouvait se repenser autrement qu’en termes de surconsommation et de surproduction.
Désormais pérenne à l’IFAPME (chaque dernier samedi avant Noël), la donnerie va désormais se dédoubler : une ‘’donnerie-brocante-festival’’ sera organisée au début de l’été à la Donnerie du Centre, une donnerie citoyenne qui fonctionne toute l’année et qui, très mal logée, a besoin d’aide pour trier et liquider son stock, mieux s’organiser et fonctionner, puisqu’elle ne bénéficie d’aucune aide publique.
Ces deux moments, dorénavant organisés en partenariat avec la Ligue des Familles-La Louvière, sont inscrits dans le réseau des Donneries Nomades.
Copyright 2024 – ARC – Action et Recherche Culturelles – Tous droits réservés